L'art de Guy Cambier, tout de nostalgie, de méditation et de silence, ne se prêterait pas à de tapageuses exhibitions. Cette fin d'automne méditerranéen, paisible, lumineux et doux, après les grands désordres de l'été, semble la période d'élection pour tenter de pénétrer, à nouveau, les pathétiques secrets d'un peintre qui a su résister à tous les assauts de la mode.

Cet artiste poursuit sa carrière avec une ténacité et une stabilité dont peu d'autres peintres peuvent donner l'exemple. Cependant, notre enchantement est sans cesse croissant
en cet univers de songes.

Guy Cambier l'a dit lui-même: « La peinture c'est d'abord une immense somme de travail; lorsqu'on possède à fond certaines techniques indispensables - et il faut des
dizaines d'années - on peut alors s'exprimer dans différents styles tout en restant le même ».

Le même, certes, mais, c'est en virtuose désormais qu'il interprète ses sonates préférées: jeunes beautés rêveuses à la fois ingénues et sensuelles; maternités à l'infinie
tendresse, enfances mélancoliques, poésie agreste des bergers-musiciens.

Et ce virtuose, hors du temps, devient créateur de symphonies : paysages dépouillés inscrits dans une buée dorée, natures mortes où il introduit le clair-obscur, bouquets somptueux et fantastiques où se réfugient les oiseaux du paradis.

C'est d'ailleurs avec les mêmes talents de poète et de réel musicien qu'il a composé de nombreuses mélodies et une délicieuse opérette pour enfants "le clown, l'oiseau et la fleur". Prémonitoire, sa merveilleuse exposition parisienne ayant pour thème "Voyage au pays du Grand Maulnes" a été, il Y a quelques années, à la base d'un nouvel engouement
pour l'œuvre d'Alain Fournier.

Tant de dons et de grâces auraient pu, . au berceau de Guy Cambier, être les présents de bons génies flammands et de fées latines. C'est seulement émus par sa volonté de surmonter la dure épreuve de son adolescence et par son apprentissage solitaire à exprimer son monde intérieur, qu'ils lui ont ensuite souri. Comme nous-mêmes, ils ont été ravis et séduits.

GABRIEL OLLIVIER, Membre de l'Institut.

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www.guy-cambier.com